« Le basket est menacé ». Ce n’est pas moi qui l’écris
mais M. Antony Thiodet dans l’Equipe de jeudi dernier.
Vous ne connaissez pas M. Thiodet. A vrai dire, moi non
plus jusqu'à cet article.
Mais je crois (fortement) en la parole et l’expertise d’un ancien
directeur de la communication de la FFBB (1994-98), d’un ancien Directeur de
l’ASVEL Basket (2003-2009) et d’un actuel membre de G2 Strategic.
Il s’agit d’un cabinet de conseils (fondé aux Etats Unis) travaillant auprès de nombreux clubs en France
et pas n’importe lesquels : le PSG, Lyon, Lille en foot, le Stade Français
et La Rochelle en rugby, le CSP Limoges en basket. Bref, de solides références.
M. Thiodet peut donc porter un regard avisé sur le basket. Et s'il s'exprime plus particulièrement sur le basket
de haut-niveau, principalement masculin à travers la Pro A, ses remarques
peuvent être transposées à un basket féminin qui marche sur la tête depuis
quelques années.
A la question « comment relancer l’attractivité de la
Pro A ? » il répond : « pour se soigner il faut se savoir
malade. J’ai l’impression que la maladie dont souffre le basket français doit
être une maladie honteuse car on se la cache depuis des années. Il faut arrêter
ce jeu d’hypocrisie ou d’auto-conviction résultant d’une cécité consistant à
dire tout va bien. Regardez nos affluences, on a fait quinze personnes de plus
que l’an dernier, donc youp la boum ».
A sa prise de pouvoir, notre président fédéral a voulu engager une grande réforme du
basket féminin (qu’il n’a pu imposer au secteur masculin, assez puissant pour
lui apporter une réelle opposition).
Le premier acte a d’ailleurs été profitable
à RCM Basket. Cette année là nous aurions dû être relégué. Grâce à la réforme
et à une augmentation artificielle des clubs pros se répercutant sur les divisions inférieures, nous avions sauvé notre
place en NF2. Mais ce qui est artificiel
ne dure jamais bien longtemps. Surtout à une époque où le pouvoir de l’argent a
pris le pas sur le pouvoir purement sportif.
On a vu ces dernières années beaucoup de clubs se lancer
dans des courses à l’échalote en bâtissant des équipes à grand renfort de
billets de banque et disparaître sous des déficits parfois abyssaux. L’exemple
le plus marquant a sans doute été celui de Perpignan aujourd’hui rayé de la
carte mais il y en a eu beaucoup d’autres… et il y en aura encore quand on voit
la façon de se comporter de certains clubs. Il ne faut pas se le cacher :
la grande majorité des clubs vit grâce aux subventions des collectivités
locales. Que celles-ci viennent à diminuer pour de multiples raisons et c’est
le club qui disparait. L’un des exemples les plus récents est celui de Fréjus
qui tenait une place plus qu’honorable sur l’échiquier du basket azuréen, tant
chez les hommes que chez les filles.
A Roquebrune, nous avions anticipé cette situation. Alors
c’est vrai que notre équipe première n’a plus son lustre d’antan et même d’il y
a peu (nous avons obtenu le titre de champion de France il y a seulement quatre
ans !) mais au moins le club est toujours là, plus ou moins solide sur ses bases (j'en reparlerai). Par
contre, niveau équipe première, les choses ne sont pas prêtes de
s’arranger !
D’une façon générale, oui, le basket féminin est sinistré. Nous
avons une magnifique devanture avec une équipe de France souvent brillante, des
équipes de jeunes qui brillent dans les compétitions internationales et puis
derrière…. pas grand-chose. De ce point de vue, la désaffection du public est catastrophique. Durant toutes les années de NF2 nous avons joué
dans des salles quasiment vides à quelques notoires exceptions près
(Laveyron à l'époque, Saint Jean de Muzols). Même en NF1, certaines
salles sonnaient bien creux!
En ce qui concerne les jeunes, les structures départementales n’ont pas su s’adapter et
proposent des championnats sans grand intérêt (et je suis gentil !). A
partir du moment où on laisse une entière liberté de s’engager au niveau que
l’on souhaite, peut-on réellement inciter des dirigeants à faire les efforts
nécessaires pour bâtir des équipes compétitives sur plusieurs saisons ?
Depuis septembre on dispute des matches dits « de brassage » qui
doivent – théoriquement – servir à établir une hiérarchie. A-t-on besoin de 5 matches
perdus par 60 points d’écart (et plus) pour conclure qu’une équipe 2 de RCM
Basket doit jouer en Pré-Excellence plutôt qu’Excellence ? J’ai pris
volontairement l’exemple de RCM Basket pour ne faire de peine à personne !
Inversement, on sait très bien que certains clubs ont triché à une époque pour
éviter de se retrouver en Ligue et devoir faire des déplacements relativement
coûteux dans le Var. En toute impunité. Et puis avoir une très bonne équipe volontairement "déclassée" à un niveau inférieur permet d'obtenir des titres dont on se sert pour justifier des demandes de subvention. Un cercle vicieux, quoi!
Oui, le basket féminin est menacé. Mais rares sont les
personnes à oser le dire. Merci à M. Thiodet de l’avoir fait.
Je ne crois plus trop à un avenir serein pour le basket, hélas :( De nouveaux sports sont beaucoup plus médiatisés que le nôtre!
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